L’anthropomorphisme est la tendance à attribuer à l’animal des comportements ou des sentiments propres à l’homme. Cette orientation, source d’incompréhensions mutuelles entre le maître et son chien, s’est fortement accentuée au cours de ces dernières décennies.
Jusqu’à la moitié du XXème siècle, en effet, le chien devrait avoir une utilité dans le foyer : assurer la sécurité de ses propriétaires, les alerter en cas de danger, les débarrasser de leurs déchets, tenir chaud ou encore chasser.
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, son statut a évolué : il est devenu un animal de compagnie, un palliatif à la solitude des humains, étroitement lié à son propriétaire. Pour beaucoup d’ailleurs c’est un membre de la famille et la frontière entre nos deux espèces devient plus floue. C’est là que le bât blesse, car malgré tous nos efforts, les chiens ne seront jamais des humains. L’anthropomorphisme nous pousse aussi à bafouer les codes sociaux et les besoins de nos compagnons à quatre pattes.
Notre vision déformée du chien nous conduit à le méjuger et à le mal comprendre. Cela génère des comportements inadaptés chez lui comme de la malpropreté, des destructions, des morsures, des fugues ou des aboiements intempestifs. Si notre chien est un compagnon affectueux et fidèle, nous sommes pourtant deux espèces bien distinctes qui cohabitent sous le même toit.
Certains maîtres nourrissent à l’égard de leur animal tellement d’amour qu’ils finissent par prêter à leur chien des comportements et des sensibilités qu’ils n’ont pas.. Ce qui revient en réalité à oublier que le chien est avant tout un animal, certes domestiqué, mais un animal tout de même.
On aime le chien pour ce qu’il n’est pas. On l’aime mais on ne le connait pas.
En croyant bien faire , nous le traitons de manière inadaptée. Nous lui prêtons facilement des attitudes, des sentiments qui sont pourtant typiquement humain. La proximité avec lui, nous conduisant à abolir les frontières inter spécifiques et à le considérer comme une sorte de congénère, oubliant par la même ce qui fait sa spécificité en tant qu’animal. Pour le chien, le maître est bien un congénère, son chef de meute. Il ajuste ses comportements en fonction de cette donnée. Que le maître se comporte avec lui comme un enfant n’entre pas dans ses schémas comportementaux et peut provoquer chez lui des comportements de dominant. Ce qui est souvent interprété par le maître comme de l’agressivité.
Les contresens comportementaux s’expliquent facilement par l’ignorance qu’à l’anthropomorphisme des spécificités de chaque animal, du fait que le monde, tel que nous le percevons est propre à nous humain et n’est pas le monde tel qu’il existe pour les animaux.